Politique étrangère et de sécurité féministe

Il existe un lien évident entre les droits des femmes et la stabilité démocratique fondamentale. Partout où les droits des femmes et des filles sont menacés, la démocratie, la paix et la stabilité sont également en danger. Les droits des femmes sont donc un indicateur et un levier important pour la garantie fondamentale de la démocratie et de la paix. Pourtant, le point de vue et le rôle des femmes dans la coopération internationale et le maintien de la paix sont encore souvent négligés. 

Ces dernières années, de plus en plus d'États (Suède, France, Allemagne, Luxembourg, Albanie, Mexique et autres) se sont engagés dans une politique étrangère féministe, à chaque fois avec une terminologie ou des caractéristiques différentes. L'objectif de la politique étrangère/extérieure féministe n'est pas – comme on l'a parfois mal compris – une politique étrangère qui ne profite qu'aux femmes. L'objectif de la politique étrangère féministe est plutôt l'égalité des genres dans le monde entier et la participation égale de tou·te·s aux valeurs et aux objectifs de la politique étrangère, tels qu'ils sont également ancrés à l’art. 54 al. 1 de la Constitution fédérale. Une politique étrangère féministe veut les faire progresser de manière mesurable. Pour ce faire, elle se concentre souvent sur les domaines des droits, de la représentation et des ressources. 

Droits : la discrimination sexuelle, les mariages forcés et les mutilations génitales féminines touchent particulièrement les femmes. D'autres défis concernent par exemple l'accès à l'éducation et à la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive. 

Représentation : tou·te·s les individu·e·s doivent avoir les mêmes droits à la participation, à l'éducation et à l'influence dans les processus de décision. Les femmes sont chroniquement sous-représentées dans les forums importants où les décisions sont prises. Cela vaut pour tous les domaines, que ce soit dans les négociations de paix, dans les conseils d'administration des entreprises ou dans les partis politiques.

Ressources : des ressources spécifiques doivent être allouées à la promotion de l'égalité des chances. Cela ne signifie pas nécessairement que davantage de moyens sont alloués, mais que les projets de coopération internationale sont mieux contrôlés afin de s'assurer qu'ils profitent aussi, ou en partie, aux femmes et aux filles. 

La Suisse est depuis longtemps engagée dans le domaine de la participation égale des femmes aux thèmes de la politique étrangère, sans le nommer spécifiquement. Ainsi, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a lancé en 2021 le Réseau suisse des femmes pour la promotion de la paix. 

Toutefois, un engagement en faveur des objectifs d'une politique étrangère féministe (sans en avoir une soi-même) pourrait contribuer grandement à une meilleure sensibilisation et à une mise en œuvre plus conséquente de l'interdiction de la discrimination selon l’art. 8 de la Constitution fédérale et à la participation de tou·te·s à une société pacifique. Les États qui, d'une manière ou d'une autre, mènent une politique étrangère féministe, échangent activement entre eux sur la manière de mettre en œuvre une politique étrangère féministe. La Suisse reste à l'écart de ces échanges. Dans ce sens, une prise de position plus conséquente de la Suisse en faveur des objectifs d'une politique étrangère féministe pourrait être un avantage pour la Suisse.

Situation actuelle

  • Dans son plan d'action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 de l'ONU « Femmes, paix et sécurité », la Suisse réaffirme son engagement en faveur des droits des femmes et des filles.

  • La pandémie de Covid a accru les inégalités entre les genres dans de nombreuses régions du monde et a renforcé le problème de la violence sexualisée.

  • Avec le conflit ukrainien, une pénurie de ressources se profile en ce qui concerne le financement de la coopération internationale.

Plan de législature

  • Nous attendons un engagement clair en faveur d'une mise en œuvre conséquente du droit à l'égalité selon l’art. 8 de la Constitution fédérale dans la politique étrangère.

  • Nous nous impliquons dans le débat de fond sur le rôle des femmes dans la sécurité et l'armée, sur l'aménagement du service militaire obligatoire ou sur un service citoyen.

  • Nous œuvrons pour que la Suisse ne conçoive pas la politique de sécurité uniquement comme un réarmement classique, mais aussi, par exemple, comme un renforcement de la société civile, notamment des réseaux de femmes.

  • Nous utilisons les instruments politiques et notre réseau pour que le DFAE forme davantage de femmes médiatrices de la Suisse dans les années à venir et les intègre activement dans les processus de paix.

  • Dans le futur plan d'action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 de l'ONU « Femmes, paix et sécurité », la Suisse joue un rôle de pionnier, reflète les derniers développements au niveau multilatéral et se fixe des objectifs clairs, mesurables et ambitieux.

  • Nous utilisons les instruments politiques pour que les documents stratégiques de la Confédération ainsi que les lignes directrices et les plans d'action comportent systématiquement une composante de genre. 

  • Nous utilisons les instruments politiques et notre réseau pour que le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) s'engage davantage en faveur du recrutement de femmes et qu'elles soient à l'avenir plus souvent engagées dans des missions de paix ; et que davantage de femmes soient également admises dans le corps des attaché·e·s de défense.

  • Nous utilisons les instruments politiques pour que les mesures prises en politique intérieure, comme par exemple le programme de recherche sur la médecine de genre, soient également réclamées au niveau international par les organisations partenaires du DFAE.

  • Nous utilisons les instruments politiques pour examiner les effets du climat sur les femmes et les filles et prendre les mesures appropriées.

  • Même si la Suisse ne porte pas officiellement l'étiquette de « politique étrangère féministe », elle suit néanmoins une approche correspondante – droits, représentation et ressources – et renforce ainsi le positionnement de la Suisse dans le domaine des droits des femmes ainsi que des femmes, de la paix et de la sécurité. Elle s'organise le cas échéant au sein d'organes d'échange internationaux correspondants, par exemple dans le groupe de signalisation de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, qui regroupe actuellement 27 États.


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