Les déléguées se prononcent en faveur du oui à l’initiative pour l’introduction d’une 13e rente AVS

Samedi, les déléguées de l'organisation faîtière des femmes alliance F ont décidé de justesse de dire oui à l'initiative pour une 13e rente AVS. Elle sera soumise au peuple le 3 mars. Elles recommandent le non à l'initiative sur les rentes.

La décision de recommander le oui à l'initiative pour une 13e rente AVS a été prise par 32 voix contre 28 et 8 abstentions, après un débat nuancé et approfondi sur les avantages et les inconvénients du projet. Avant cela, Min Li Marti (conseillère nationale PS, Zurich) ainsi que Christina Bachmann-Roth (présidente de Le Centre Femmes, Argovie) avaient présenté les arguments pour ou contre l'introduction d'une 13e rente AVS. L'initiative populaire déposée par l'Union syndicale suisse sera soumise au peuple le 3 mars prochain. 

La conseillère nationale Marti a plaidé en faveur du oui de la part  l'organisation faîtière des femmes. Marti a fait valoir que la rente AVS est particulièrement importante pour les femmes. Parmi les retraitées actuelles – dont une sur cinq est touchée par la pauvreté des personnes âgées – la moitié ne perçoit que la rente AVS. Et même parmi les femmes qui partent aujourd'hui à la retraite, une sur trois ne perçoit pas de rente de prévoyance professionnelle (LPP). Les femmes ont donc une rente inférieure d'un tiers à celle des hommes (« lacune de rente »). Le travail de care souvent fourni par les femmes n'est constitutif de rente que dans l'AVS. De plus, selon Marti, l'AVS est une rente « avantageuse de manière imbattable » : comme les employeurs paient la moitié des cotisations, que les banques et les assurances ne gagnent presque rien à l'AVS et que les personnes qui gagnent le plus contribuent davantage, il y a dans l'AVS « bien plus de rente pour le même prix ». 

Marti estime que le financement de la réforme est viable. Grâce au relèvement de l'âge de la retraite des femmes, à l'augmentation de la TVA et des cotisations salariales, l'AVS réalise des excédents, selon les scénarios de la Confédération. À cela s'ajoute le fait que le vieillissement démographique s'affaiblit, la génération des « baby-boomers » sera bientôt à la retraite. 

La présidente de Le Centre Femmes, Christina Bachmann-Roth, a en revanche argué que l'initiative ne répondait pas aux attentes des femmes, car elle n'était « pas ciblée ». Les retraités qui profiteraient le plus de l'initiative sont ceux qui touchent déjà des rentes maximales – donc plus souvent des hommes. L'écart de revenus entre les retraités et entre les femmes et les hommes s'accroît au lieu de soutenir de manière ciblée les couches de revenus inférieures. « Ce sont les plus pauvres qui en profitent le moins », déclare Bachmann-Roth. L'âge de la retraite des femmes n'a été harmonisé que récemment – entre autres pour soulager financièrement l'AVS – et aujourd'hui, en cas d'acceptation de l'initiative, ces fonds serviraient à financer des suppléments pour tous, y compris pour les hommes aisés. 

Le projet déstabiliserait l'AVS et augmenterait le besoin de réforme, a en outre averti la présidente de Le Centre Femmes. En cas d'acceptation, les jeunes et les familles devraient payer les coûts par le biais d'une augmentation des charges salariales, d'une hausse de la TVA et/ou d'une augmentation de la dette publique. Il s'agirait d'une charge supplémentaire due à une perte supplémentaire de pouvoir d'achat. 

Lors du vote qui a suivi, les déléguées se sont prononcées en faveur du oui.

Non à l’initiative sur les rentes

Les déléguées de l'association faîtière des femmes ont décidé de dire non à l'initiative sur les rentes. La décision est tombée avec 42 en faveur du non, contre 6 voix pour le oui et 6 abstentions. Auparavant, Florence Pärli (conseillère de ville JPLR, Berne) et Min Li Marti (conseillère nationale PS, Zurich) avaient présenté les arguments en faveur ou contre le projet. 

Florence Pärli a plaidé en faveur d'un oui de la part de l'association faîtière des femmes. L'AVS assure notre existence, mais elle est elle-même menacée par l'augmentation de l'espérance de vie. Le financement n'a été assuré jusqu'en 2030 que grâce à l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes et des contributions fédérales au cours des dernières années. L'initiative veut désormais garantir l'existence de l'AVS en liant l'âge de la retraite à l'espérance de vie – à partir de 2033, l'âge de la retraite augmenterait automatiquement de deux mois par an au maximum si l'espérance de vie s'allongeait. D'ici à 2043, on estime qu'il serait de 67 ans – ce qui le place dans la comparaison européenne ; et la population suisse peut toujours compter sur environ 22 années de vie après la retraite. 

Min Li Marti s'est prononcée en faveur du rejet de l’initiative. En cas d'acceptation, l’initiative accroîtrait les inégalités, ignorerait les réalités du marché du travail, ne se préoccuperait pas des finances de l'AVS et entraînerait des problèmes de mise en œuvre. Les rentes plus basses de la prévoyance professionnelle contraignent aujourd'hui déjà de nombreuses personnes à travailler plus longtemps. En outre, les personnes à bas revenus ont une espérance de vie plus faible, mais l'initiative ne prévoit pas pour autant de retraite anticipée pour elles. Elle ne tient pas non plus compte des différences d'espérance de vie entre les cantons. De plus, l'augmentation de l'âge de la retraite renforcerait les problèmes déjà existants des travailleurs âgés sur le marché du travail. Enfin, une augmentation de l'âge de la retraite à titre préventif est inutile : l'AVS fait des excédents, les réformes menées jusqu'à présent apportent des milliards supplémentaires et les salaires et le nombre de personnes actives augmentent. 

Lors du vote qui a suivi, les déléguées se sont prononcées en faveur du non.